L'envers du décor
17 octobre 2019
Entrevue d'Halloween avec Simon Boulerice
Dans le cadre de l’Halloween, le Musée vous invite à participer à l’activité Les drôles de fantômes de Pointe-à-Callière les samedi 26 et dimanche 27 octobre 2019. Pour vous donner un avant-goût, nous avons rencontré Simon Boulerice, auteur du récit, le temps de quelques échanges autour des fantômes, de l’Halloween, des lieux et de ses inspirations pour offrir une visite à la fois interactive, ludique et mystérieuse!
Qui sont Les drôles de fantômes?
Il y a trois personnages, deux fantômes et un guide, Isidore. Le guide n’est pas un fantôme, même s’il n’est pas tout jeune, il fête ses 205 ans aujourd’hui! Tous les membres de sa famille, dont son père, sont décédés du choléra. Le premier fantôme est Charles, le père du guide, qui est horloger et qui a fabriqué deux montres très particulières. La première, pour son fils, est une montre/boussole pour lui permettre de retrouver son chemin. La deuxième montre est pour Ismérie, le second fantôme et la fille de la voisine, dont Charles était très proche. Tout comme sa mère, Ismérie est une grande cantatrice. Ce qu’elle souhaite par-dessus tout, c’est que sa montre la fixe à jamais dans le temps.
Quel est le fil conducteur de l’intrigue?
L’histoire commence alors qu’Isidore et Ismérie s’échangent leurs montres par mégarde et Isidore perd celle d’Ismérie par la suite. Il faut savoir que Isidore est un guide très maladroit! Les enfants s’attachent beaucoup à lui pour ses imperfections, son sens de l’humour et parce qu’il se perd partout, tout le temps. Je trouvais ça drôle d’avoir un guide qui ne trouve jamais son chemin. Ce qui est le fun, c’est que l’activité est un ensemble d’énigmes pour aider Isidore à retrouver la montre. Les enfants sont amenés à regarder dans les canalisations, à écouter, il y a des sons de tic-tac partout dans le Musée. À chaque fin de parcours, il y a une énigme pour se rapprocher, petit à petit, de la montre perdue.
Qu’apprend-on sur l’histoire de Montréal ?
Comme on est dans les vestiges archéologiques de Montréal, on va se promener dans différents lieux, notamment le premier cimetière catholique d’où va surgir Charles, le père. Les guides pimentent aussi la partition en jouant avec leurs connaissances. L’attrait c’est vraiment de visiter ces lieux-là de façon ludique et théâtrale. C’est un exercice interactif où les guides invitent les enfants à participer. En revanche, quand les comédiens « entrent en scène », il y a quelque chose d’imposant qui nous fait instantanément basculer dans une théâtralité. Les enfants ont plutôt une admiration distanciée pour nos fantômes, comme s’il se passait réellement quelque chose de l’ordre de l’apparition.
Comment travaille-t-on un scénario d’activité à la différence d’une pièce de théâtre?
Il y a du théâtre là-dedans, mais je te dirais que ce sont les lieux qui ont vraiment guidé l’écriture. Je suis de ceux qui aiment s’inspirer des lieux, ils sont chargés d’histoire, de souvenirs et ceux-ci particulièrement. Par exemple, au bout de l’égout collecteur il y a une toile qui fond et qui se révèle à chaque fois. J’ai utilisé ce procédé sur le visage d’Ismérie. Elle a, elle aussi, un visage qui fond et qui se renouvelle constamment, tantôt triste, tantôt hystérique. J’aime particulièrement jouer avec ce que le lieu propose et laisser le tout s’insinuer dans la dramaturgie autant que dans le scénario. Comment le lieu peut amener mon personnage ailleurs, c’est vraiment ça qui a nourri l’écriture.
Parmi les défis potentiels, il y a les interactions avec les enfants à considérer, sont-elles prévues dans ton écriture?
Oui! J’ai beaucoup travaillé avec des enfants, j’écris beaucoup de théâtre et de romans jeunesse donc même si je n’ai pas d’enfants, je pense que je suis quand même une éponge par rapport à leur imaginaire. Il y a aussi mon propre imaginaire que je projette sur eux quand le guide leur pose des questions, par exemple : « Comment vous allez vous déguiser pour l’Halloween? » ou « Là, on va être des détectives! Un détective, comment c’est habillé? » Je me rappelle qu’en maternelle peut-être que j’aurais eu du plaisir à dire : « Ça porte souvent un chapeau » ou « Ça a une loupe ». Je suis allé dans une simplicité, mais avec des références qui sont dans leur spectre de connaissances. Pour moi, la chose la plus importante c’est que ça leur parle.
Comment mixe-t-on l’aspect historique/archéologique qui est très factuel avec le fantastique et l’imaginaire pour obtenir une activité ludique?
Je pense qu’il faut que la théâtralité et le plaisir du jeu prennent le dessus. J’ai vraiment l’impression qu’il faut que ça transcende l’histoire et la matière. Je n’avais pas de mandat historique, mais en partant du lieu ça apporte tout de suite des bases solides à mon histoire. C’est pour ça que mon personnage principal a 205 ans, pour ne pas être dans un passé récent, mais dans quelque chose de beaucoup plus ancré historiquement en phase avec des périodes de l’histoire comme la crise du choléra.
Pour terminer, quelles seraient trois bonnes raisons de participer à tout prix à l’activité cette année?
J’ai retravaillé le scénario par rapport à l’année dernière, il y a une nouvelle actrice-chanteuse qui interprète Ismérie et les costumes sont poussés encore plus loin! Il faut participer cette année pour l’enrobage sonore augmenté, l’enrobage visuel magnifié et pour le savant dosage entre humour et mystère. Ça n’est pas pour rien que ça s’appelle Les drôles de fantômes de Pointe-à-Callière!