Vie montréalaise

Sainte-Catherine : une rue phare de Montréal

Véritable passage obligé, la rue Sainte-Catherine est la plus importante artère de Montréal, un lieu où tout se passe, où tous passent.

Fréquentée par les Montréalais de souche et d’adoption, par les Québécois de passage dans la grande ville et par les visiteurs qui la découvrent dans les guides touristiques avant de la parcourir, la rue Sainte-Catherine est courtisée pour ses grands magasins, ses boutiques spécialisées, ses restaurants, ses places d’affaires, ses salles de spectacles, ses lieux de divertissement, ses espaces urbains, et même, pour ses logements.

Depuis plus de 250 ans, la rue Sainte-Catherine s’est développée sur une distance qui s’étend maintenant sur 11 kilomètres suivant un itinéraire qui a pris naissance des deux côtés de la rue Saint-Laurent. À cette époque, soit vers les années 1760, la rue n’était qu’un chemin de terre bordé de champs, vergers et maisons.

Des origines incertaines

L’origine de son nom demeure incertaine.

L’historien Paul-André Linteau explique que la rue s’est d’abord appelée Sainte-Geneviève et que le toponyme Sainte-Catherine s’est imposé au début du 19e siècle. Ce choix aurait plusieurs explications, explique-t-il dans son ouvrage La rue Sainte-Catherine – Au coeur de la vie montréalaise. Ce nom aurait été déterminé pour copier celui du nom de la côte Sainte-Catherine, ou encore en hommage à Catherine de Bourbonnais – une fille naturelle qu’aurait eue Louis XV – et qui aurait vécu à Montréal.

Pour d’autres auteurs, c’est Jacques Viger, inspecteur des chemins à compter de 1813 avant de devenir le premier maire de Montréal en 1833, qui l’aurait ainsi nommé en l’honneur d’une de ses belles-filles. Enfin, autre hypothèse, ce choix relèverait plutôt du calendrier religieux, la fête de sainte Catherine étant célébrée le 25 novembre de chaque année.

Quoi qu’il en soit, la rue Sainte-Catherine porte dignement son nom et elle s’est développée au rythme de la ville, avec ses hauts et ses bas, ses moments de gloire et ses jours plus sombres. Mais depuis toujours, ses multiples vocations – économique, résidentielle, commerciale et culturelle – ont fait d’elle un incontournable et un témoin privilégié de l’histoire de Montréal.

Vers 1920, le magasin Bon Marché annonce lui aussi la présence du Père Noël.
© Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Le paradis du magasinage

On n’a qu’à penser à l’arrivée des grands magasins, de Morgan jusqu’à La Baie, qui occupe l’immeuble dans lequel Morgan s’était établi en 1891. La présence massive des grands magasins comme Murphy, Scroggie, Ogilvy, Goodwin, Simpson, Dupuis Frères, Henry Birks, Woolworth, Archambault et Eaton, a fait de la rue Sainte-Catherine un paradis du magasinage où l’on dénombre, encore aujourd’hui, plus de 1 200 commerces.

De nombreux immeubles de bureaux dont le Dominion Square, des banques dont la Banque d’Épargne et des sièges sociaux d’entreprises comme celui de la Sun Life ont aussi migré du Vieux-Montréal vers la rue Sainte-Catherine et ses environs devenus, au début du 20e siècle, le nouveau centre-ville.

Les métiers de l’aiguille en essor

La rue abritera également, à cette époque, quelques grandes entreprises et ateliers de confection. Autour d’un pôle formé par l’intersection des rues Sainte-Catherine et De Bleury vers le boulevard Saint-Laurent, des immeubles abriteront les travailleurs de l’aiguille, soit le Jacobs, le Belgo, le Blumenthal et le Kellert. Ce dernier est le seul édifice des quatre à ne plus être présent aujourd’hui, ayant été démoli pour laisser place à la construction de la Place des Arts, au début des années 1960.

Les activités culturelles, artistiques et sportives ne sont pas en reste sur la rue Sainte-Catherine. Les salles de cinéma s’y sont succédé depuis l’inauguration du Ouimetoscope en 1906. Certaines d’entre elles – les movie palaces — deviendront de hauts lieux du divertissement comme le Princess, le Loew’s, le Capitol, le Palace et le Granada. Les spectacles de théâtre, de vaudeville, de burlesque et même de strip tease se succéderont tour à tour dans des salles, des cabarets ou des boîtes de nuit comme le théâtre National, le Princess, Chez Maurice, le Montmartre, le Casa Loma ou encore le fameux Gayety devenu aujourd’hui le Théâtre du Nouveau Monde.

Et que dire du Forum, qui logera les Canadiens de Montréal pendant 70 ans, jusqu’en mars 1996. Le club de hockey fera vivre aux amateurs de grandes émotions à leurs fans, sur la rue Sainte-Catherine, leur dernière victoire de la coupe Stanley remontant à 1993.

Une renaissance

La dernière décennie du 20e siècle n’a pas été propice à l’essor de la rue, l’économie montréalaise se portant mal; des institutions vénérables ont disparu, tels es grands magasins Dupuis, Simpson et Eaton. Mais avec comme assises plus de 250 ans d’histoire, la rue Sainte-Catherine n’a certes pas dit son dernier mot.

Aujourd’hui, elle a repris de la vigueur et elle manifeste un dynamisme qui s’articule autour des pôles de la mode et de la culture, notamment par l’aménagement du Quartier des spectacles autour de la Place des Arts. À croire assurément que l’artère la plus fréquentée de la ville le sera encore pour bien des années...

Pour approfondir votre parcours historique de la rue Saint-Catherine, vous pouvez consulter La rue Sainte-Catherine – Au coeur de la vie montréalaise, un ouvrage de Paul-André Linteau paru aux Éditions de l’Homme et vendu à la Boutique du Musée.

La rue Sainte-Catherine Ouest en 1930. Tramways et automobile se disputent l’espace dans ce segment de la voie dominé par l’immeuble Drummond, à l’angle de la rue Peel.
© Archives de la Ville de Montréal

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