Lieux et bâtiments

L’Ancienne-Douane, joyau de l’architecture d'ici

Construite entre 1836 et 1838, l’Ancienne-Douane, sise au 150, rue Saint-Paul Ouest, dans le Vieux-Montréal, est un joyau de l'architecture montréalaise. Sa façade principale est résolument tournée vers le fleuve Saint-Laurent sur la place Royale, vestige d’une époque où l’édifice jouait un rôle déterminant dans l’économie montréalaise.

Avec l’ouverture du canal de Lachine en 1825, Montréal devient un passage obligé pour les marchandises provenant d’Europe et un port de dédouanement autonome, en 1832. Le développement du commerce et du port amène les marchands de Montréal à réclamer une douane pour leur ville, ce qui est fait avec l’adoption d’un projet de loi en 1836 autorisant la construction d’une maison à cette fin.

L’architecte britannique, John Ostell, est alors mandaté pour construire un édifice pouvant abriter les activités douanières du port de Montréal. Il s’agit du premier projet d’envergure de cet architecte qui a contribué à faire de Montréal une métropole en plein essor économique en dessinant les plans d’une vingtaine d’édifices de la ville entre 1836 et 1856.

La douane de Montréal, vue du port, 1839. Aquarelle de John Ostell figurant dans l'album de Jacques Viger, Souvenirs canadiens.
© Bibliothèque centrale de Montréal

Important lieu de passage

La construction de la Maison des douanes débute en 1836 sur un site face au fleuve, alors nommé « place du Vieux-Marché », là même où la première place du marché avait été aménagée sous le Régime français. Les bâtiments autour de l’ancienne place de marché sont expropriés afin de donner un espace dégagé entre la douane et le fleuve.

L’édifice est l’un des premiers construits en pierre de taille à Montréal et est, à l’origine, entièrement symétrique. Ostell conçoit cet édifice avec deux façades principales, l’une vers le fleuve et l’autre vers la ville, symbolisant en quelque sorte l’importance de ce lieu de passage qui abrite à la fois des activités portuaires et urbaines.

Face au fleuve, l’édifice de style néo-classique se distingue par une élégante façade ornée au départ de pilastres, d’un large fronton et de griffons. À l’étage, sur les quatre faces de l’édifice, Ostell élabore des fenêtres à tympan. L’Albion, symbole de la puissance économique de la Grande-Bretagne, est exposée au sous-sol de l’édifice tandis qu’une réplique de cette œuvre a été installée au fronton nord de l’édifice.

Façade de la rue Saint-Paul et façade latérale après l’agrandissement de 1882.
© Bibliothèque et Archives nationales du Québec
L’Ancienne-Douane vers 1970.
© Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Reconnu lieu historique national du Canada

Dès la décennie 1850, le bâtiment est devenu trop étroit pour répondre aux besoins des marchands de la ville et les Douanes sont finalement déménagées en 1870 l’édifice de la Royal Insurance Company.

Sa vocation ayant changé, l'édifice conçu par Ostell abrite, à partir de 1871, les activités du ministère du Revenu avant d’être agrandi, en 1881-1882, par Alfred Raza. Rejetant l’idée d’une addition à l’immeuble, l’architecte choisit plutôt de déplacer intégralement la façade vers le fleuve, provoquant ainsi une asymétrie contrôlée.

Le gouvernement fédéral occupe l’édifice jusqu’à ce qu’il le cède à Pointe-à-Callière en 1992 avant d'être reconnu comme lieu historique national du Canada, en 1997.

Photo : Caroline Bergeron

				Old Custom House, one of our city’s architectural treasures
				L’Ancienne-Douane, joyau de l’architecture d'ici

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