Personnages historiques
Jeanne Mance, cofondatrice de Montréal
L’apport de Jeanne Mance à la fondation de Montréal a longtemps été sous-estimé. Bien que ses contemporains reconnaissaient son rôle essentiel dans la fondation de Montréal, ce n’est que le 17 mai 2012, après que la Ville de Montréal ait entrepris des démarches pour déterminer la teneur de sa contribution, que Jeanne Mance est proclamée fondatrice de Montréal, au même titre que le sieur de Maisonneuve.
Jeanne Mance a réussi à obtenir le soutien financier et moral de personnalités françaises influentes pour mener un groupe de missionnaires, dont elle fait partie, à fonder Montréal.
Arrivée en 1642, elle assure l’intendance de la colonie, en gère l’approvisionnement et dirige l’hôpital qu’elle a fondé, en plus de prendre des initiatives qui vont sauver la colonie à quelques reprises.
Aux premières loges de la fondation de Montréal
Née à Langres en France en 1606, Jeanne Mance a tôt fait dans sa vie de chercher à s’élever spirituellement. Elle trouve réponse dans cet appel à devenir missionnaire au Nouveau Monde : elle devient membre de la Société de Notre-Dame de Montréal, créée en 1640 à Paris par Jérôme Le Royer de La Dauversière, dans le but de fonder une colonie sur l’île de Montréal. Jeanne Mance tisse alors des liens avec des personnalités influentes qui soutiennent moralement et financièrement son projet. Elle reçoit notamment l’appui d’une riche bienfaitrice, Angélique de Bullion, qui souhaite préserver l’anonymat et qui finance la fondation d’un hôpital en Nouvelle-France.
Infirmière célibataire, Jeanne Mance s’embarque vers la Nouvelle-France en 1641 et passe le premier hiver à Sillery, près de Québec, avant de se rendre à Ville-Marie. Le samedi 17 mai 1642, elle se trouve aux côtés de Maisonneuve quand celui-ci arrive sur l’île et prend officiellement possession des lieux au nom de la Société de Notre-Dame de Montréal. Le lendemain, lors de la messe donnée par le père jésuite Barthélemy Vimont, elle est aussi présente à cette cérémonie associée depuis toujours à la fondation de Montréal.
Jeanne Mance et Maisonneuve se partagent le travail dans la colonie : alors que Maisonneuve est mandaté « pour le dehors et la guerre », Jeanne Mance voit au « soin du dedans ». Elle fonde notamment l’Hôtel-Dieu de Montréal en 1645 dont elle est l’intendante, la trésorière et la gestionnaire. L’établissement revêt alors les dimensions d’une modeste maison : le bâtiment de 60 pieds sur 24 abrite six lits pour les hommes et deux pour les femmes. Trop petit, il sera remplacé par un nouvel édifice en 1654.
Des gestes marquants pour sauver la colonie
Les premières années de la colonisation à Montréal sont difficiles pour Jeanne Mance et les quelques Français qui s’y trouvent : les conditions de vie sont peu reluisantes, le climat est hostile, la construction des maisons se déroule lentement et la cohabitation avec les Amérindiens n’est pas toujours facile. En 1650, sur les quelque 150 personnes venues à Montréal depuis sa fondation, il n’en reste qu’une cinquantaine. Jeanne Mance convainc alors Maisonneuve de se rendre en France et d’y recruter de nouveaux colons avec l’argent consenti par madame de Bullion pour le fonctionnement de l’hôpital.
Cet événement, appelé la Grande Recrue, est considéré comme celui qui sauve la colonie. En 1653, quelque 177 colons, dont 14 femmes, débarquent à Montréal. Les hommes recrutés signent des contrats avec la Compagnie de Montréal et s’engagent à travailler de ce côté-ci de l’Atlantique pour une période de trois à cinq ans moyennant logement et nourriture et un retour en France sans frais au terme de leur engagement. Marguerite Bourgeoys fait aussi partie du voyage et devient la partenaire de Maisonneuve et de Jeanne Mance dans l’administration de la colonie. L’avenir de Montréal est désormais assuré.
De son côté, Jeanne Mance retourne en France en 1658, après une chute sur la glace qui lui fait perdre l’usage de son bras droit. Elle revient à Montréal l’année suivante – son bras droit miraculeusement guéri – en compagnie de sœurs hospitalières de Saint-Joseph qui prennent charge des soins aux malades à l’Hôtel-Dieu de Montréal, hôpital que Jeanne Mance dirige jusqu’à la fin de sa vie.
Avant son décès, Jeanne Mance pose, en 1672, l’une des premières pierres de ce qui deviendra l’église Notre-Dame de Montréal. Sa sépulture est aujourd’hui conservée dans la crypte sous la chapelle du Musée des Hospitalières de l'Hôtel-Dieu, sur l’avenue des Pins à Montréal.