Mai 2008
Les lits du fleuve... Une installation originale illustre la formation des couples en Nouvelle-France
Pour diffusion immédiate
Montréal, le 20 mai 2008 – Une installation artistique, Les lits du fleuve, met en valeur le caractère singulier du peuplement en Nouvelle-France. Réalisée avec des lits «cabanes» miniatures, elle représente les couples pionniers qui ont vécu et se sont enracinés entre 1608 et 1700 dans la vallée du Saint-Laurent.
C'est grâce à l'analyse de nombreux documents anciens par le Programme de recherche en démographie historique de l'Université de Montréal que l'on sait aujourd'hui qu'au 17e siècle, près de 3450 couples pionniers - 3200 formés ici et 250 venus de France - se sont établis «en Canada», dans la vallée du Saint-Laurent. L'identité de ces couples pionniers est même connue et ce sont eux, ainsi que leur descendance, qui ont contribué de façon significative à enraciner le fait français en Amérique du Nord.
L'installation veut illustrer l'essentiel des données démographiques connues et le fait que ce sont des couples formés ici qui sont essentiellement à l'origine de la population francophone nord-américaine plutôt que l'émigration de familles déjà constituées en France.
La constitution des couples pionniers - qui comprend au moins un immigrant français - est représentée par des lits cabanes de différentes couleurs qui, à l'instar du «(lit clos(» breton ou auvergnat, offraient aux couples intimité et chaleur. Havre du couple, le lit cabane accueille tour à tour, à l'époque, les gestes de l'amour, l'enfant à naître et le défunt à son dernier repos. Le lit est donc un symbole éloquent qui illustre les différents types de couples pionniers en Nouvelle-France.
Les types de couples
À peine 8% des 3450 couples pionniers se sont formés en France : 3% (90) des couples mariés en France sont arrivés ici en famille avec plus d'un enfant tandis que 5% (160) sont venus de France sans enfant ou avec un seul, pour un total de 250 couples. Pour la majorité de ces couples, la vie féconde va se dérouler en Nouvelle-France.
De ce nombre, mentionnons Louise Garnier et Pierre Goguet, qui arrivent au Canada depuis le Poitou, en 1659 avec leur première fille; ils auront ensuite six autres enfants qui naîtront à Montréal. Ou Marie Rollet qui épouse Louis Hébert, tous deux de Paris, en 1602; ils débarqueront plus tard au Canada avec leurs trois enfants.
Pas moins de 92(% des couples pionniers - 3200 couples - se sont formés ici, en Nouvelle-France. La répartition se détaille comme suit : 46 % (1600) des couples pionniers sont formés par le mariage d'une Française et d'un Français. Entre 1663 et 1675, un véritable baby-boom s'est même amorcé avec la venue de plus de 700 Filles du roi qui donnent naissance à quelque 4 445 enfants. Ainsi, en 1672, Catherine Ducharme, 15 ans, une Fille du roi, épouse à Montréal Pierre Roy, de Larochelle ; ils auront 18 enfants.
D'autre part, 44(% (1506) des couples pionniers sont formés ici par le mariage d'une Canadienne et d'un Français. Les couples de ce groupe réunissent des immigrants français célibataires et des jeunes Canadiennes. Enfin, environ 2% (81) des unions pionnières de la vallée du Saint-Laurent seront composées d'une Française et d'un Canadien où, dans de rares cas, l'un des conjoints sera Amérindien. En 1656, par exemple, Geneviève Drouin, 12 ans, de Québec, épouse le Français Romain Trépanier, 29 ans, de Dieppe ; ils auront 12 enfants. Ou, en 1668, la Fille du roi Louise Faure, 32 ans, épouse le Canadien Pierre Gagné, 21 ans; ils auront sept enfants.
Grâce à la fécondité remarquable des couples formés en Nouvelle-France, la population francophone va augmenter rapidement. Et en 1680, il y aura assez d'enfants du pays pour assurer une croissance autonome de la colonie. Dès 1700, la population, composée en majorité de Canadiennes et de Canadiens, sera d'un peu moins de 20 000 personnes; en 1760, ce nombre sera de 70 000.
Finalement, c'est dès 1660 que survient le tout premier mariage entre Canadiens : Charles Amiot, né à Québec en 1636, épouse Marie Geneviève DeChavigny, née aussi à Québec en 1645. L'historien démographe Bertrand Desjardins précise qu'à partir de ce moment, il faudra 33 années, donc en 1693, pour que les mariages entre Canadiens deviennent à jamais les plus fréquents dans la colonie.
Ainsi, les Canadiennes et les Canadiens ont aussi joué un rôle clé dans l'enracinement du fait français en Amérique. La France n'avait pas, à l'époque, une volonté politique de favoriser le peuplement en Amérique du Nord - peu de familles et d'individus ayant traversé l'Atlantique dans le but de s'établir ici. Néanmoins, la Nouvelle-France s'est développée et elle est devenue, rapidement, une entité autonome dans laquelle la culture, la langue et l'histoire de la France ont perduré jusqu'à ce jour.
L'exposition France, Nouvelle-France. Naissance d'un peuple français en Amérique est réalisée en coproduction par Pointe-à-Callière, musée d'archéologie et d'histoire de Montréal et le Musée d'histoire de Nantes/Château des ducs de Bretagne.
Cette exposition bénéficie du soutien du ministère du Patrimoine canadien pour les programmes suivants : Aide aux musées, Partenariat culturel et économique du Canada atlantique de l'Agence de promotion économique du Canada atlantique et l'Accord Canada-France pour la coopération et les échanges dans le domaine des musées. Le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada a aussi apporté son soutien par son Programme Canada-France 2004.
Pointe-à-Callière remercie ses précieux partenaires : le Ministère de la culture et de la communication de France, la Direction des musées de France, la Mairie de Nantes, Air Canada, Tourisme Montréal, Historia, Le Centre Sheraton Montréal, La Presse et The Gazette. Cette activité est accréditée par la Société du 400e anniversaire de Québec.
Le Musée est subventionné par la Ville de Montréal.
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