Juin 2010

Les fascinants objets de l’Île de Pâques

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Montréal, le 7 juin 2010 – Avec Île de Pâques, le grand voyage, Pointe-à-Callière propose une exposition internationale, la plus importante à être offerte ces dernières années à propos de l’île, et rassemble plus de 200 objets provenant de précieuses collections d’une vingtaine de prêteurs européens et nord-américains. Les Rapanui, ont réalisé, en plus d’énormes et célèbres statues de pierre, des objets très diversifiés – dont des bois sculptés admirables et méconnus qui, comme d’autres pièces uniques, témoignent d’une créativité, d’une esthétique et d’une maîtrise technique absolument remarquables. En voici un aperçu :

Moai en pierre
On retrouve environ 890 moai sur l’île. La production a commencé peu après l’arrivée des Polynésiens, vers l’an 1000, et s’est poursuivie jusqu’au 17e siècle, avec un sommet aux 14e et 15e siècles. Si la plupart mesurent entre 3,5 et 5 m, on en retrouve de plus de 10 m. La grande majorité d’entre eux a été sculptée dans le tuf friable du volcan Rano Raraku. Colosses de quelque 18 tonnes en moyenne, ils sont probablement déplacés par roulement sur des rondins. Beaucoup sont installés sur un ahu, une plateforme légèrement surélevée, à l’avant de laquelle se trouve une esplanade, qui sert sans doute pour des cérémonies.

Mata’a
Il s’agit de lave vitrifiée et tranchante, l’obsidienne. Matériau précieux, rare en Océanie, devait faire l’objet d’échanges entre les Rapanui.

Reimiro
Le reimiro est un « ornement de cou en bois ». Il s’agit d’un pectoral en forme de croissant et avec une dépression centrale également en croissant, muni de trous de suspension. Des hommes et des femmes de puissantes familles en portent lors des fêtes. Il s’agit d’un objet sacré.

Ua
Un autre insigne de pouvoir. Ce bâton est orné d’une tête à deux visages dans lesquels sont incrustés des yeux en os et en obsidienne. Il relie le porteur au sol, le chargeant ainsi de mana (parcelle de puissance divine). En effet, pour les Polynésiens, et pour les habitants de Rapa Nui, les dieux et les esprits sont partout, dans tous les aspects de la vie, le matériel et l’immatériel.

Paoa
Le paoa est muni d’une poignée à deux visages. Il est parfois associé à une massue. Toutefois, la section n’étant pas cylindrique, le maniement en serait inconfortable. Il s’agirait plutôt d’un objet de prestige, sans doute dérivé symboliquement de massues observées en Polynésie – notamment en Nouvelle-Zélande

Moai kavakava
Le mot rapanui moai signifie « figuration » et donc ne désigne pas seulement les statues de pierre. On retrouve sur l’île des statuettes de bois, beaucoup moins connues. Ces bois sculptés comptent des chefs-d'œuvre et témoignent de la richesse symbolique de l’univers rapanui et de l’immense talent des anciens sculpteurs. De face comme de dos, un moai kavakava (« figurine à côtes ») fait penser à un squelette. Il est gardé dans les maisons, enveloppés dans du tapa (étoffe d’écorce battue) mais exhibé aux jours de fêtes – tenu en main ou portés au cou avec d’autres s’entrechoquant pendant la danse.

Moai tangata
Le moai tangata (représentation d’être humain) affichent un regard fixe tout comme le moai kavakava mais les proportions sont plus réalistes. La tradition orale ne parle pas de son usage, mais le moai tangata est aussi doté d’un trou de suspension.

Moai papa et Moai vie
Le moai papa (« figurine plate ») est plutôt associé au sexe féminin, contrairement au moai kavakava et au moai tangata. Il est reconnaissable par son profil, d’une extrême minceur et à sa gestuelle : bras en mouvement, une main pointant vers le pubis, l’autre étant repliée sur le ventre ou sous un sein. Encore là, son rôle n’est pas connu, mais il n’y a pas de dispositif de suspension. Le moai vie affiche la même gestuelle que le moai papa mais son profil est d’une plus grande épaisseur et donc plus réaliste.

Tahonga
Cet objet est porté par les adolescents lors des fêtes. Il est de forme ovoïde partagée par trois ou quatre nervures en relief et représente l’œuf sacré de Moto Nui convoité par les candidats pour l’Homme-Oiseau. Porté lors de cérémonies, il invoque le mana de cet œuf, dispensateur de fécondité.

Ao et rapa
Il s’agit de « pagaies cérémonielles » et remplissent des fonctions différentes. L’ao est un insigne de pouvoir et est réservé aux dignitaires. Le rapa, plus court que l’ao est utilisé lors de cérémonies par les danseurs.

Les pétroglyphes
On retrouve près de 4000 pétroglyphes – gravures, bas-reliefs et (parfois) peintures – sur des centaines de sites, sur de simples galets ou des parois surchargées. On y retrouve tout le bestiaire rapanui mais aussi des signes géométriques, des vulves, des hameçons, des bateaux, des maisons, l’Homme-Oiseau, et Makemake (Dieu suprême).

Figurine en tapa peint
Un autre type d’objet témoigne du haut niveau d’expression atteint par la culture rapanui : les figurines à ossature de roseau recouverte de tapa (étoffe d’écorce battue) cousu et peint en plusieurs couleurs. Difficile d’en saisir la fonction, puisque seulement sept ont survécu. C’est un rare privilège que de pouvoir en admirer deux dans cette exposition, remarquablement préservés malgré leur fragilité.

L’écriture rongorongo
Dans toute la Polynésie, c’est uniquement à Rapa Nui que se développe un système d’écriture – qui défie encore de nos jours les épigraphistes. On a répertorié environ 120 signes rongorongo, en quelque 500 combinaisons. On y reconnaît : animaux, plantes, hameçons, insignes de puissance, parties du corps, croissants de lune… Ils ont généralement été gravés sur les deux faces de tablettes de bois. Selon la tradition, seuls des chantres de nobles familles, appelés tangata rongorongo, étaient capables de graver les signes et de lire et manipuler ces tablettes.

Moai tangata moko — figuration d’homme-lézard
Ce type de statuette, aussi appelé moko (lézard), mêle les traits d’un être humain – masculin lorsque le sexe est représenté – à ceux d’un animal associé au monde des morts puisqu’il disparaît volontiers entre les rochers. Les moko sont sculptés en une forme courbe, souvent dans un bois sacré, le Sophora toromiro. Comme les moai kavakava, ils ont des côtes et une colonne vertébrale très apparentes – et, parfois, une queue d’oiseau en éventail au niveau des reins. Le trou de suspension, quand il existe, est au milieu du dos. Ils étaient donc suspendus à l’horizontale dans les maisons ou au cou de danseurs.

Tangata manu — figuration d'homme-oiseau
Dans les statuettes représentant le personnage sacré de l’Homme-Oiseau, les traits humains dominent sur ceux de l’oiseau… ou vice-versa. Ainsi, le ventre est parfois marqué d’un nombril – signe d’une naissance humaine –, mais il en est plus souvent dépourvu. Le sexe est masculin, et les côtes et la colonne vertébrale sont marquées. Lors des fêtes qui suivaient la désignation de l’Homme-Oiseau, celui-ci défilait avec le précieux œuf de sterne attaché à son bras, et en portant sur son dos un moai tangata manu.

Tête de moaï
Des petits bustes ou têtes de pierre ont été rapportés. Leur apparence varie davantage que celle des gigantesques moai.

Présentée du 8 juin au 14 novembre 2010, l’exposition Île de Pâques, le grand voyage est produite et réalisée par Pointe-à-Callière, musée d’archéologie et d’histoire de Montréal. Le Musée remercie ses partenaires : Banque Scotia, Tourisme Montréal, le Consulat général du Chili à Montréal, Air Canada Cargo, Hôtel Intercontinental, Astral Média, Historia, Archambault, La Presse et The Gazette.

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