Juin 2010

Île de Pâques • Le grand voyage

Pour diffusion immédiate

Montréal, le 7 juin 2010 — Du 8 juin au 14 novembre 2010, Pointe-à-Callière, musée d’archéologie et d’histoire de Montréal présentera Île de Pâques, le grand voyage. Cette exposition internationale, la plus importante à être offerte ces dernières années à propos de l’île (elle-même appelée maintenant Rapa Nui) rassemblera plus de 200 objets provenant de précieuses collections d’une vingtaine de prêteurs européens et nord-américains.

Les anciens Rapanui, qui s’installèrent sur l’île vers l’an 1000, ont en effet réalisé, en plus d’énormes et célèbres statues de pierre, des objets très diversifiés – dont des bois sculptés admirables et méconnus qui, comme d’autres pièces uniques, témoignent d’une créativité, d’une esthétique et d’une maîtrise technique absolument remarquables.

Pour les Montréalais comme pour les touristes, cette exposition sera l’occasion parfaite – et une véritable chance – de découvrir à Montréal même l’histoire et la culture d’un peuple qui, aujourd’hui encore, reste le plus isolé de la planète : les terres habitées les plus proches sont distantes de 2100 à 3600 km. Se rendre à Rapa Nui représente vraiment un grand voyage!

« C’est un réel privilège et un honneur pour Pointe-à-Callière que de proposer cette exposition de classe mondiale sur l’île de Pâques », de dire Francine Lelièvre, la directrice générale du Musée. « Nous voulons offrir à nos visiteurs l’opportunité exceptionnelle de se familiariser avec ce peuple méconnu en leur présentant de rares artefacts. Les habitants de cette île ont survécu à une histoire dramatique tout en léguant à l’humanité une culture unique et un art spécifique, dont nous exposerons des exemples superbes, provenant des plus grands musées du monde. »

Citons, parmi la vingtaine de prêteurs ainsi rassemblés, l’American Museum of Natural History (New York), le British Museum (Londres), le Metropolitan Museum of Art (New York), le Musée du quai Branly (Paris), le Musée national de la Marine (Paris), le Museo Missionario Etnologico (Cité du Vatican), le Museum für Völkerkunde (Vienne), le Peabody Museum of Archaeology and Ethnology (Cambridge, Massachusetts) et les Musées royaux d'Art et d'Histoire (Bruxelles).

Un grand voyage… de découverte
Située à quelque 3600 km à l’ouest du Chili, l’île de Pâques n’est qu’un point infime dans le Pacifique Sud : avec ses 165 km2, elle pourrait entrer presque trois fois dans l’île de Montréal! Elle occupe pourtant une place immense dans le patrimoine de l’humanité. Lorsque le Néerlandais Jakob Roggeveen la « découvrit » au jour de Pâques 1722, il fut frappé par cette « île étrange peuplée de statues énigmatiques ». Mais il fallut plusieurs siècles encore pour que des archéologues et des ethnologues mettent en lumière l’extrême richesse et l’unicité de la culture rapanui. L’exposition permet d’ailleurs de faire le point, de façon très accessible, sur les certitudes comme sur des questions qui continuent de fasciner les scientifiques.

C’est un voyage à la fois chronologique et thématique qui est ainsi proposé, dans une muséographie à la fois éloquente et impressionnante par son évocation de l’île et par des photos qui transportent littéralement les visiteurs sous le ciel de Rapa Nui.

D’abord, la destination
Les visiteurs, invités à repérer Rapa Nui sur une carte de l’Océanie, constatent que dès l’an 1000 de notre ère, des Polynésiens ont réussi, grâce à leurs importants savoirs astronomiques et maritimes, à franchir des milliers de kilomètres d’océan sans escale… et à trouver cette terre minuscule. Puis, eux-mêmes arrivent « en vue de l’île ». Avant d’en entreprendre l’exploration, ils en consultent la carte afin de repérer des sites où ils se rendront : volcans, principales plateformes cérémonielles (ahu), village sacré et îlot où se déroulait une importante compétition annuelle donnant lieu au choix de l’Homme-Oiseau…

Puis, l’exploration
Au temps des premiers rois et du culte des ancêtres
Les visiteurs, en découvrant parallèlement des contenus abondamment illustrés et les objets exposés, commencent à explorer l’île aux temps les plus anciens de la culture rapanui. Ils apprivoisent la vie quotidienne (les Polynésiens ont introduit sur cette austère île volcanique des animaux, des plantes alimentaires et de formidables savoirs horticoles) : galets gravés provenant d’habitations, outils, objets pour la pêche, sacs en feuilles de bananier, calebasses; l’organisation du territoire et de la société rapanui (insignes de puissance en bois sculpté, objets pour la fabrication du précieux tapa ou étoffe d’écorce battue, parures, accessoires pour le tatouage, coiffes de plumes); la fabrication et le transport des quelque 890 statues géantes toujours visibles à Rapa Nui et qui figuraient peut-être des ancêtres; les croyances dans les esprits, avec des bois sculptés en forme de personnages et d’animaux, dont certains des plus précieux au monde… Cette partie de l’exposition permet aussi d’admirer de rarissimes et fragiles figurines à ossature de roseau recouverte de tapa peint.

Une transformation majeure du paysage
Les visiteurs revivent ensuite une période brève mais qui bouleverse la vie des Rapanui : en quelques décennies seulement, entre 1650 et 1722, la forêt qui couvrait l’île, disparaît. Parmi les hypothèses évoquées dans l’exposition pour expliquer la chose, la plus probable est celle d’un changement climatique provoqué par une activité particulièrement intense du phénomène El Niño, ce réchauffement des eaux du Pacifique Sud qui peut entraîner parfois une sécheresse prolongée. Les Rapanui démontrent alors une fois de plus leur capacité d’adaptation en optant pour de nouvelles pratiques horticoles et de construction. Et eux qui vénéraient jusqu’alors les ancêtres disparus et voyaient dans leur roi le vivant représentant du pouvoir divin sur Terre, semblent maintenant vouer un culte prépondérant au dieu Makemake, créateur des autres dieux et des humains, et protecteur des oiseaux migrateurs. Ils confient ainsi le maintien de la fertilité de l’île à un nouveau personnage, l’Homme-Oiseau.

Le culte de Makemake et le choix de son représentant, l’Homme-Oiseau
Un nouvel éventail d’objets étonnants témoigne du temps des Hommes-Oiseaux : pétroglyphes (pierres gravées ou sculptées en bas-relief) représentant Makemake ou l’Homme-Oiseau; bois sculptés figurant l’Homme-Oiseau; œuf de sterne fuligineuse, cet objet grâce auquel Makemake désignait l’humain appelé à le représenter pendant une année; parures portées lors des fêtes… Certains rares objets gravés de signes rongorongo, une écriture que les Rapanui furent aussi les seuls à développer en Polynésie, peuvent également être contemplés.

Enfin, un retour progressif vers le temps présent
La dernière partie de l’exposition ramène peu à peu les visiteurs au présent tout en témoignant du choc de la rencontre des mondes occidental et rapanui au fil de l’histoire récente de l’île. Sont ainsi revécus le temps des explorateurs au 18e siècle (avec le Néerlandais Jakob Roggeveen, l’Espagnol Don Felipe Gonzales y Haedo, le Britannique James Cook, le Français La Pérouse…), le temps des dévastations au 19e siècle (alors que près de la moitié de la population rapanui est emmenée en esclavage au Pérou et que les maladies introduites par les étrangers font des ravages), le passage en 1872 du jeune Pierre Loti qui rapporte croquis et souvenirs, le temps de la reconstruction au 20e siècle (avec la tenue d’importantes missions de recherche) et enfin, aujourd’hui, celui des défis nouveaux posés par le tourisme (quelque 40 000 visiteurs par année) et par l’érosion qui menace ce parc archéologique à ciel ouvert, inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

L’espoir en l’avenir est permis. Les Rapanui, un peuple accueillant, sont conscients de la valeur unique de leur patrimoine et de la nécessité de le préserver. Et ce sont maintenant les archéologues qui, en collaboration avec des chercheurs océaniens, européens et nord-américains, continuent de faire avancer les connaissances sur l’histoire d’un peuple qui a survécu aux pires tragédies.

L’exposition invite encore à visiter par l’image les « carrières » du volcan Rano Raraku où furent sculptées les grandes statues, à observer de près sur écran des objets finement gravés et à visionner de larges extraits d’un film tourné en 1934-1935 par une expédition de recherche franco-belge – des images rares. Aussi, le visiteur sera impressionné par un immense moai virtuel, une projection sur écran inédite créée spécialement pour l'exposition. Mais il sera avant tout accueilli à l'entrée du Musée par une tête de moai grandeur nature, reproduction de 9 pieds de haut et de plus de 10 000 livres, provenant de l'Île Notre-Dame, et moulée à partir d'une tête originale de l'Île de Pâques.

Île de Pâques, le grand voyage, la publication
Également réalisé par Pointe-à-Callière, le catalogue de l’exposition offrira une initiation incontournable à la culture rapanui. En 160 pages, il présentera tous les objets exposés à Montréal et quelque 100 photos de Rapa Nui, et contiendra quatre articles rédigés par d’éminents spécialistes de l’île de Pâques : Michel Orliac, archéologue; Nicolas Cauwe, conservateur des collections de Préhistoire et d'Océanie des Musées royaux d’Art et d’Histoire, à Bruxelles; Georgia Lee, Ph.D. en archéologie, UCLA (University of California, Los Angeles) et spécialiste de l’art rupestre; et Jo Anne Van Tilburg, Ph.D., directrice de l’Easter Island Statue Project et professeure au Cotsen Institute of Archaeology at UCLA. Cet ouvrage sera proposé en français et en anglais à la boutique du Musée.

Présentée du 8 juin au 14 novembre 2010, l’exposition Île de Pâques, le grand voyage est produite et réalisée par Pointe-à-Callière, musée d’archéologie et d’histoire de Montréal. Le Musée remercie ses partenaires : Banque Scotia, Tourisme Montréal, le Consulat général du Chili à Montréal, Air Canada Cargo, Hôtel Intercontinental, Astral Média, Historia, Archambault, La Presse et The Gazette.

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