Novembre 2013

Campagne de fouilles archéologiques 2013 : des découvertes majeures sur le site du Marché Sainte-Anne devenu le parlement du Canada-Uni

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Montréal, le 1er novembre 2013 – Des découvertes majeures ont été réalisées lors de la campagne de fouilles archéologiques réalisées à l'été 2013 par Pointe-à-Callière sur le site du Marché-Sainte-Anne-et-du-Parlement-du-Canada-Uni, un site historique classé par le ministère de la Culture et des Communications. Au total, près de 50 000 artefacts et écofacts ont été mis au jour en plus des restes calcinés de 35 livres sur le chantier de fouilles qui s'est tenu sur la place D’Youville Ouest, dans le Vieux-Montréal, sous un ancien stationnement de la Ville de Montréal où se trouvent les vestiges de ces lieux historiques.

« Situé sur le lieu de fondation de Montréal, Pointe-à-Callière présente une concentration de sites historiques remarquables qui témoignent de notre identité et de nos origines françaises. Les fouilles, la protection et la mise en valeur des artefacts mis au jour au cours des derniers mois constituent des gestes tangibles de sauvegarde et de transmission de notre patrimoine culturel. Ces récentes découvertes viennent ainsi enrichir la connaissance archéologique et historique de ce site et il est important d’en assurer la préservation pour les générations futures », a fait savoir le ministre de la Culture et des Communications, Maka Kotto.

Pointe-à-Callière est le maître d'oeuvre des fouilles archéologiques de 2013 qui ont été effectuées par les archéologues de la firme Ethnoscop. Le chantier était sous la supervision de la firme Ceveco alors que Quartier International de Montréal (QIM) est le gestionnaire du projet. La campagne de fouilles archéologiques 2013 ainsi que des études techniques et une étude de faisabilité du projet de la Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal ont été rendues possibles grâce à des subventions de 1,3 M$ du ministère de la Culture et des Communications et de 500 000 $ de la Ville de Montréal.

«Grâce à des gens passionnés, à leur expertise, leur patience, leurs connaissances et leur curiosité, nous en savons un peu plus sur la vocation de ce lieu qui a joué un rôle historique prépondérant pour Montréal, berceau de la démocratie au Canada. La Ville de Montréal est fière d’apporter un soutien financier à l’année pour le fonctionnement du Musée et poursuivra sa contribution pour les études de faisabilité du projet d'agrandissement, ainsi que pour le développement du projet exceptionnel de Pointe-à-Callière, Cité d’archéologie et d’histoire de Montréal », ajoute le maire de Montréal, Laurent Blanchard.

Des fouilles aux résultats spectaculaires
La découverte de quelque 35 fragments calcinés de livres constitue le fait saillant de la campagne 2013 puisqu'elle a été aussi impressionnante qu'inattendue. Ces fragments ont été envoyés à l’Institut canadien de conservation qui évalue les possibilités de restauration dans le but de conserver et mettre en valeur ces documents historiques. Rappelons que le soir de l'incendie, le 25 avril 1849, le feu a consumé les deux bibliothèques parlementaires et que plus de 24 000 documents publics du Haut-Canada et du Bas-Canada, dont certains remontent à l'époque de la Nouvelle-France, ont été réduits en cendres. D'en trouver des restes en de telles quantités, après plus de 164 ans sous terre, est tout à fait exceptionnel!

« Les résultats des fouilles archéologiques 2013 ont surpassé toutes les attentes que nous avions, tant par le nombre de pièces qui ont été trouvées, que par la nature et l’importance historique des objets, dont les livres calcinés provenant de la bibliothèque du parlement du Canada-Uni. C'est une découverte majeure qui comporte une grande charge symbolique puisque le parlement a été complètement détruit par le feu en 1849 », explique Francine Lelièvre, directrice générale de Pointe-à-Callière.

Parmi les autres objets trouvés, mentionnons de nombreuses bouteilles à alcool, un service de vaisselle raffinée, des ustensiles, un bénitier, des pièces de monnaie, des bouteilles de cirage à chaussures, du verre, des objets associés à la vie parlementaire, des ossements d’animaux ainsi qu’un grand nombre de coquilles d’huîtres.

Les objets retrouvés sur le site sont d'une grande importance si l'on pense qu'ils ont été utilisés au parlement jusqu'au soir de l'incendie, par ces hommes et ces femmes qui fréquentaient l'édifice au quotidien. Parmi eux, bien sûr, le premier ministre de l'époque, Louis-Hippolyte Lafontaine et son bras droit, Robert Baldwin, ainsi que quatre politiciens qui vont s'illustrer, environ deux décennies plus tard, à titre de Pères de la Confédération : John Alexander Macdonald, Étienne-Paschal Taché, Alexander Tilloch Galt, et le Montréalais George-Étienne Cartier.

« Ces pièces retrouvées témoignent avec éloquence de la vocation de ce lieu et de certaines activités qui s’y sont déroulées pendant les trois grandes périodes d’occupation : celle du Marché Sainte-Anne et du Parlement du Canada-Uni de 1834 à 1849; celle de l’incendie du parlement en 1849 et celle de la réhabilitation du Marché Sainte-Anne à partir de 1851, jusqu’à sa démolition en 1901 », ajoute pour sa part Louise Pothier, archéologue et responsable des chantiers de fouilles pour Pointe-à-Callière.

Des témoins en abondance
Les milliers de pièces archéologiques trouvées lors de la campagne 2013 s'ajoutent aux quelque 116 000 artefacts et écofacts trouvés en 2011. L’inventaire et l’analyse des objets retrouvés en 2011 ont permis de mieux documenter l’histoire de ce site qui fut témoin d’une époque charnière pour Montréal, le Québec et le Canada. Ces fouilles ont aussi ont permis de mettre au jour les fondations de pierre du monumental bâtiment (100 m X 20 m), en plus d’une section de l’égout collecteur William construit sur la rivière Saint-Pierre canalisée à la même époque que la construction du Marché Sainte-Anne (1832).

Le retour des armoiries royales : un don exceptionnel à Pointe-à-Callière
En 2011, le Musée a aussi reçu un don exceptionnel offert par un généreux donateur : les armoiries royales du premier parlement permanent du Canada-Uni, un objet fascinant et unique. Dénichées dans l’État de New York, les armoiries royales ont été achetées par un collectionneur avisé, l’ancien Solliciteur général du Canada, Robert P. Kaplan, lequel a fait don de ce remarquable objet. Les analyses effectuées par Pointe-à-Callière sur cet objet permettent de l’associer aux armoiries du Parlement, telles que décrites par plusieurs observateurs de l’époque, ce qui en fait une pièce d’une grande importance historique et symbolique.

En mai dernier, les armoiries ont été emballées précieusement et envoyées à l’Institut canadien de conservation à Ottawa. Elles sont en cours de restauration. L’objet a été repeint à de multiples reprises au fil des décennies et la restauration va donc permettre de nettoyer et stabiliser la pièce. La pièce devrait être exposée in situ en 2017, sur son lieu d'origine, puisque le Musée souhaite présenter ces armoiries au grand public lors de la mise en valeur des vestiges du parlement.

Un site historique majeur
Le site historique du Marché-Sainte-Anne-et-du-Parlement-du-Canada-Uni a joué un rôle prépondérant pour la métropole alors que Montréal s’est imposé comme le berceau de la démocratie au Canada. Rappelons que le premier parlement permanent de la « province du Canada » s’est installé à Montréal de 1844 à 1849, dans l’édifice du Marché Sainte-Anne. Des lois importantes pour la création du Canada y ont été votées, dont celle établissant le gouvernement responsable en 1848. En 1849, une émeute déclenchée par la sanction royale accordée à la Loi pour l’indemnisation des victimes des Rébellions de 1837-1838 se traduit par l’incendie du parlement. Le parlement sera déménagé par la suite en alternance entre Toronto et Québec, puis s’installera à Ottawa en 1857.

Vers la Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
La mise en valeur du Marché Sainte-Anne, devenu le Parlement du Canada-Uni, et des objets qui y ont été retrouvés est une des composantes du grand projet de Pointe-à-Callière : la création de la Cité d’archéologie et d’histoire de Montréal déclinée en une dizaine de lieux. Outre la mise en valeur des vestiges de ce site, le projet comprend aussi la préservation et la mise en valeur des vestiges du Fort de Ville-Marie et du Château de Callière, et l’aménagement d’une salle d’expositions internationales, tous reliés en souterrain par le fameux égout collecteur William, sur une distance de 375 mètres. Le rendez-vous avec ce legs patrimonial unique au monde est prévu en 2017 à l’occasion du 25e anniversaire du Musée, du 375e anniversaire de la fondation de Montréal et du 150e anniversaire de la Confédération. La préservation et la mise en valeur de ces lieux constituent un geste de mémoire que Pointe-à-Callière entend poser pour rendre accessible ce patrimoine exceptionnel à la population actuelle et aux générations futures. Les détails de l’ensemble du projet d’expansion sont disponibles sur le site Internet du Musée.

À propos de Pointe-à-Callière
Seul grand musée d’archéologie au Québec et au Canada, Pointe-à-Callière est un complexe muséal érigé sur une concentration de sites historiques et archéologiques d’envergure nationale qui permettent de retracer de grands pans de l’histoire de Montréal, du Québec et du Canada. Inauguré en 1992 à l’occasion du 350e anniversaire de la fondation de Montréal, Pointe-à-Callière a pour mission de faire connaître et aimer l’histoire de la métropole du Québec et de tisser des liens avec les réseaux régionaux, nationaux et internationaux préoccupés d’archéologie, d’histoire et d’urbanité.

Pointe-à-Callière est subventionné par la Ville de Montréal.

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