Exposition antérieure
30 mai 2015 — 25 octobre 2015

Les Aztèques, peuple du Soleil

Réalisée par Pointe-à-Callière en collaboration avec le Conseil national pour la culture et les arts —Institut national d'anthropologie et d'histoire du Mexique (INAH), l'exposition Les Aztèques présente quelque 265 objets provenant de 16 musées mexicains, dont le Musée du Templo Mayor, un musée de site archéologique comme Pointe-à-Callière, et le Musée national d'anthropologie de Mexico.

Ces objets, à la fois spectaculaires, émouvants et diversifiés, reflètent le mystère entourant ce peuple : ce sont des masques et des statues, des bijoux en or, des figurines de femmes, d’enfants et d’animaux, des sceaux, des sculptures et des objets témoignant des sacrifices nécessaires au maintien de la course du Soleil, des coffrets, des boîtes à offrandes, des vases et des céramiques.

Des objets vedettes significatifs

Les objets vedettes de l’exposition comptent parmi les plus remarquables témoins de la civilisation aztèque. Provenant du Musée du Templo Mayor, deux statues pesant chacune 250 kg et mesurant 170 cm de hauteur, soit près de six pieds de haut, frappent l'imaginaire. Le Chevalier aigle, griffes acérées à l'avant et à l'arrière des genoux, visage émergeant d'un bec d'aigle, pourrait représenter le Soleil apparaissant à l'aube. Fait de terre cuite, cet objet a été trouvé dans la Maison des aigles attenante au Templo Mayor qui servait à des rituels et à des pénitences. Un véritable chef d'oeuvre ! La statue de Mictlantecuhtli, également faite de terre cuite, montre le dieu de la mort se penchant vers les humains. Avec un visage à l'état de crâne, lui-même percé de petits trous auxquels étaient fixés des cheveux, peau tombant en lambeaux et teinte de sang humain, mains aux griffes acérées… ce dieu est terrifiant!

D’autres objets aux couleurs magnifiques comme le vase représentant Tláloc, le dieu de la pluie, nous en apprennent davantage sur le mode de vie des Aztèques et leurs divinités. Considéré comme l'un des chefs-d'œuvre de l'art aztèque, ce vase est garni de «lunettes» et de crocs typiques de ce dieu, tout comme la couleur bleu utilisée. Les formes pyramidales garnissant sa coiffe évoquent les montagnes où, selon les Aztèques, Tláloc conservait l'eau servant à la pluie.

Un masque de bois incrusté de turquoise, de coquillages et de nacre, est l'un des rares masques de turquoise de l'époque aztèque qui a été préservé. Il s’agit d’une possible référence au dieu Quetzalcóatl dont le visage émerge de la bouche d'un serpent. Cet objet rare provient du Musée national de la préhistoire et de l’ethnographie Luigi Pigorini de Rome.

Une céramique à trois visages garnie de treize pierres précieuses circulaires ou chalchihuitl rappelant les 13 mois du calendrier divinatoire, qui ornait un brasero ou une urne funéraire montrant les trois phases de l'existence, est tout aussi impressionnant : au centre, la jeunesse ouvre les yeux sur le monde, s'ensuit une représentation de la vieillesse puis le visage la mort, inéluctable, qui éteint le regard – font aussi écho au temps qui passe. Ce sublime objet exprime la loi cyclique de la dualité, si importante dans la pensée aztèque, où de la mort renaît la vie.

Sont également présentées dans l'exposition des images extraites de codex, des photographies de sites archéologiques et de vestiges ainsi que des vidéos diverses. S'ajoutent également à ce nombre quelque 150 figurines modelées et peintes à la main au Mexique, de conception unique, qui permettent d'évoquer de façon colorée et ludique le vaste marché de Tlatelolco, au nord de Tenochtitlan.

Masque
Masque de turquoise
Vase représentant Tláloc, le dieu de la pluie

Les thèmes de l'exposition

L'exposition aborde aussi avec force détails la fondation de Tenochtitlan, capitale de l'empire aztèque, le quotidien des gens, le Templo Mayor, sans oublier les sacrifices humains et les deux calendriers aztèques.

Plusieurs thèmes de la riche histoire des Aztèques sont abordés : il est question de la migration des Aztèques guidés par leur dieu Huitzilopochtli et la fondation de Tenochtitlan; puis de Tenochtitlan, la «Venise du Mexique», qui se distingue par son urbanisme remarquablement conçu et développé; la guerre et le tribut aztèques sont expliqués ainsi que le modèle d'agriculture et les chinampas, ces jardins flottants ingénieusement conçus pour accroître leur autosuffisance; l'organisation de la société avec ses classes sociales est un sujet fascinant où l'on aborde la question de la place des femmes, l'éducation et l'administration de la justice; l'écriture aztèque et les fameux codex, manuscrits faits de glyphes ou pictogrammes qui illustrent la langue parlée, occupent une place de choix dans l'exposition; la religion, fondamentale et omniprésente ainsi que les divinités et les rituels, sont magnifiquement illustrés; enfin, la conquête espagnole et la chute de l'empire aztèque de même que les aspects qui restent de la mémoire des Aztèques, d'hier à aujourd'hui, terminent l'exposition.

Tenochtitlan, capitale de l'empire aztèque

Qui sont les Aztèques ?

L’histoire des Aztèques commence vers l’an 1000 de notre ère quand une tribu guerrière, sans doute poussée par la famine, entreprend une longue migration vers le sud. Confrontés à mille difficultés au cours de leur long périple, les Aztèques progresseront malgré tout, persuadés que le dieu qui veille sur eux finira par leur révéler l’endroit où ils pourront enfin fonder leur cité. C’est ainsi qu’en 1325, dans le Haut plateau central du Mexique, les Aztèques — aussi appelés Mexicas — fondent la ville de Tenochtitlan sur une île marécageuse du lac Texcoco en y édifiant un temple.

La capitale aztèque est divisée en quatre parties, placées sous la garde de dieux associés aux quatre points cardinaux. Au centre de la ville, dans l’enceinte sacrée, se dressent les principaux temples, dont celui du Templo Mayor ou Grand temple qui deviendra le cœur de leur cité et le centre de leur univers spirituel et matériel. Le règne des Aztèques durera près de 200 ans, soit jusqu'en 1521. Les Aztèques y édifieront de somptueux palais, des temples et des marchés, bref, une immense cité, qui comptera 200 000 personnes à son apogée. La puissance aztèque, une société impérialiste, repose sur la diplomatie et sur une guerre quasi continue afin de développer l’empire, ainsi que sur les tributs obtenus des peuples conquis, c’est-à-dire des impôts régulièrement prélevés.

La murale représentant le marché de Tlatelolco, par Diego Rivera

Une civilisation à l’origine de nombreuses innovations

Implantés dans une zone marécageuse à l’eau peu profonde, les Aztèques ont pu augmenter la superficie habitable de leur cité en plantant des pilotis, en installant des treillis et en déposant les sédiments du lac. Grâce à cet ingénieux système, ils ont quadrillé la ville de canaux, permettant ainsi la création des chinampas, véritables jardins flottants propres à la culture de nombreuses plantes. Ces jardins, d'une remarquable fertilité, donnent jusqu’à sept récoltes par année, ce qui aide à combler une large part des besoins alimentaires de la population. Ce système est également utilisé pour recycler les déchets organiques recueillis dans la cité. Parmi leurs réalisations, les Aztèques ont développé le commerce du cacao et du maïs dans des marchés de toutes tailles et se sont fait connaître pour leurs vases et parures magnifiques grâce à leurs céramistes et à leurs orfèvres.

Une vie régie par les dieux et les calendriers

Tout comme plusieurs peuples mésoaméricains, les Aztèques divisent l’univers en trois grands niveaux : le ciel, la terre – une île qui supporte en son centre le Templo Mayor – et l’inframonde qui est souterrain et habité par le dieu des morts et sa compagne. Le dieu et la déesse de la dualité sont à la source de quatre dieux créateurs qui occupent les « quatre chemins de l’univers » correspondant aux quatre points cardinaux. Pour ce peuple, il s’agit de maintenir sans cesse l’équilibre entre les forces divines présentes, un exercice délicat régi au quotidien par deux calendriers qui dictent aussi bien le cycle du maïs que les rituels réclamés par quelque 200 divinités.

Pour les Aztèques, le temps est cyclique et les dieux influencent tour à tour, à intervalles réguliers, l’existence des humains en fonction de deux calendriers qui interagissent entre eux. Le calendrier solaire ou calendrier annuel dure 365 jours et se compose de 18 mois de 20 jours, soit 360 jours auxquels s’ajoutent 5 jours tenus pour néfastes pendant lesquels il faut éviter toute activité ! Chaque mois est dédié à un dieu majeur qui est alors honoré. Le calendrier divinatoire détermine aussi des cérémonies religieuses et des dates importantes. Chacun des jours est défini par un glyphe ou un signe écrit (il en existe 20) et par un nombre allant de 1 à 13. Ces signes et ces chiffres se combinent selon un ordre invariable et la même combinaison de signes et de chiffres se répète une fois les 13 X 20 possibilités écoulées, soit au bout de 260 jours. Tous les 52 ans, les calendriers solaire et rituel retrouvent leur alignement initial. Pour les Aztèques, c’est un moment de grande angoisse, ces derniers se demandant si le monde va s’achever…

Templo Mayor

L’importance du soleil et des sacrifices humains

Les Aztèques vouaient un véritable culte au soleil, astre dont ils craignaient la disparition s’ils n’accomplissaient pas divers rituels. Tout comme plusieurs civilisations précolombiennes, ils ont recours aux sacrifices humains, considérés comme une offrande et comme une partie essentielle des divers rituels associés à leur religion et à leur vie quotidienne. Des personnes sont ainsi immolées pour alimenter le soleil et la terre. Lorsque la pluie se fait attendre et menace les cultures, par exemple, les Aztèques sacrifient des enfants pour regagner la faveur du dieu de la pluie. Les victimes des divers sacrifices sont des guerriers capturés sur le champ de bataille, des esclaves, des condamnés à mort ou encore des enfants.

Couteaux sacrificiels
Le dieu de la mort

Les codex : des documents de grande signification

Les Aztèques possédaient une écriture particulière. Ils ont ainsi transcrit leur langue, le náhuatl, au moyen d’une combinaison de glyphes, de personnages et d’éléments graphiques. Ces écrits ou manuscrits, nommés codex, sont une source d’inspiration inépuisable car ils traitent d’économie, avec des registres d’impôts ou encore des cadastres, de politique, d’histoire, d’éducation, de religion, de rituels sacrés ou de science. Ils sont essentiels à la compréhension de cette civilisation.

Codex, manuscrit faits de glyphes ou pictogrammes qui illustre la langue parlée.

L’héritage des Aztèques

Quand il découvre Tenochtitlan, l'Espagnol Hernan Cortés la compare à Venise à cause de ses nombreux canaux. Mais en dépit de son admiration, il n’hésite pas à la détruire en 1521. Parti de Cuba avec 500 hommes environ, sa mission était de sécuriser l’intérieur du Mexique. Accueilli par Moctezuma II, qui lui souhaite la bienvenue et lui offre de splendides cadeaux, Cortés le fait peu après prisonnier. La conquête de Tenochtitlan marquera la chute de l'empire aztèque et lancera la colonisation de toute l’Amérique latine.

La civilisation aztèque est aujourd’hui considérée comme l’une des plus remarquables de l’humanité. Les nombreuses fouilles archéologiques et plusieurs musées font rayonner l’apport exceptionnel des Aztèques au patrimoine mondial. C’est d’ailleurs sur les ruines de la superbe cité de Tenochtitlan qu’est bâtie Mexico, la plus grande ville du Mexique, où vivent aujourd'hui quelque 22 millions d'habitants. La langue des Aztèques, le náhuatl, continue par ailleurs d’être parlée par environ 1,6 million de Nahuas. Les Mexicains portent aussi la mémoire aztèque dans leur nom : lorsque le dieu Huitzilopochtli guida les Aztèques jusqu’au site fondateur de Tenochtitlan, il donna à son peuple le nom de Mexicas. Encore aujourd’hui, son aigle divin perché sur un cactus et dévorant un serpent – le signe que ce dieu avait envoyé au grand-prêtre des Aztèques pour indiquer l’endroit où ils devaient fonder leur cité – orne le drapeau et les billets de banque du Mexique. Il est également toujours possible de naviguer parmi certains des canaux aménagés par les Aztèques en se rendant dans des quartiers de Mexico dont Xochimilco.

Autour de l’exposition

De nombreuses activités viennent de part et d’autre encadrer cette exposition en commençant par des animations offertes dans les salles à tous les jours par les guides professionnels du Musée. Une semaine sous le signe de la gastronomie mexicaine en lien avec l'exposition est également prévue au restaurant Osco! de l’InterContinental Montréal, du 25 au 31 mai 2015. Le restaurant du Musée, L’Arrivage offrira pour sa part des plats inspirés de la cuisine mexicaine pendant toute la durée de l’exposition. Un espace d'animation urbain, qui sera aménagé par le Musée, du 15 mai au 23 août, vibrera lui aussi aux couleurs des Aztèques : un piano public sera installé et accessible en juin et juillet, période durant laquelle il revêtira des motifs aztèques. Lors de la fin de semaine du Grand prix de Montréal, les abords du Musée participeront à la frénésie qui s'empare de la ville à ce moment. 10 stations gourmandes pop-up seront installées les 6 et 7 juin afin d’offrir de la nourriture et des dégustations de tequila, boisson mexicaine nationale. De l’animation extérieure, incluant des chansons et musiques du Mexique, ainsi que des démonstrations et dégustations culinaires mexicaines seront présentées en d'autres occasions pendant l’été sur la place Royale. Enfin, une conférence intitulée Xocoatl ou le secret du dieu aztèque Quetzalcoatl sera présentée le 22 octobre 2015 dans le cadre des Belles Soirées de l'Université de Montréal. Un accès spécial a été prévu le 16 septembre pour les membres de la communauté mexicaine d'ici, Jour de l’indépendance du Mexique.

Du 28 mai au 25 octobre 2015, l'exposition Les Aztèques, peuple du Soleil a attiré 151 020 visiteurs.

Vue de l'exposition
Céramique à trois visages garnie de 13 pierres précieuses circulaires ou chalchihuitl rappelant les 13 mois du calendrier divinatoire.

Les Aztèques, peuple du soleil est une exposition réalisée par Pointe-à-Callière en collaboration avec le Conseil national pour la culture et les arts — Institut national d'anthropologie et d'histoire du Mexique. Pointe-à-Callière remercie les partenaires et commanditaires suivants : le Secrétariat aux relations extérieures du Mexique, l'Agence mexicaine de coopération internationale pour le développement, le ministère des Relations internationales et de la Francophonie et le ministère de la Culture et des communications du Québec, la Délégation générale du Québec à Mexico, le Consulat général du Mexique à Montréal, Aeroméxico, la STM, l’hôtel InterContinental Montréal, Tourisme Montréal, le Conseil de promotion touristique du Mexique à Montréal, et La Presse.

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